Texte pour l’exposition Contretypes de Caroline Gagné et François Lamontage.

 

L’actualité de la photographie et de la vidéo expérimentale s’affirme une fois de plus, et avec vigueur, dans un projet qui porte une réflexion inédite sur les qualités de la photographie argentique et de la « pixographie » (ou image numérique), sur leur capacité à consigner le réel. Inscrite dans le prolongement des recherches expérimentales que la photographie argentique avait autrefois codifiées à travers la pratique du photogramme, l’exposition de Caroline Gagné et de François Lamontagne célèbre l’évanouissement secret de cet état de matière qu’est la glace dans ses aspects les plus imperceptibles et éphémères.

Une suite de six images, d’abord, où paraissent des formes circulaires et dentelées sur fond noir. Celles-ci sont le résultat de numérisations et d’agrandissements de photogrammes argentiques préalablement réalisés à partir d’objets translucides. Puis, trois autres œuvres ayant subi le même processus de manipulation et où l’on sent la formation de bulles, de nodules et de réseaux de motifs givrés qui évoquent inévitablement le chaos d’un microcosme primordial.

Enfin, une vidéo toute simple d’une ampoule emplie d’eau, qui, en gelant, fait se fissurer, puis éclater le verre qui la contient. Cette œuvre, présentée en version négative, simule l’effet d’un photogramme tout en s’étalant dans une durée assez longue. Lente consignation du réel qui rend pour l’observateur toute tentative de détermination de l’infinité de micro-événements ardue, voire impossible. Dans toute la boucle, répétée, de l’œuvre, l’impression créée est paradoxale : nous savons que l’état du verre change, que celui-ci se brise, mais nous n’en pouvons comprendre que le résultat final, de manière holistique.

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