Retrouver goût à la vie, quand tu batailles avec tes démons. Dans de pareils moments, tu préférerais te réfugier dans ce qu’il y a de plus indiscutablement laid à tes yeux. L’humanité serait ton ennemie ; elle te voudrait le mal absolu. Perdre confiance au monde, à la bonté et à l’ouverture nécessaire à l’expérience de vivre… Heureusement, l’art peut être un levier de réconciliation entre soi et les autres, au sens large du terme. Difficile de savoir à quoi s’attendre, pourtant, lorsqu’on décide d’aller visiter une exposition. Dans un atelier du Village des Arts, à Dakar, salle de taille modeste, au soir du vernissage de l’exposition qui a accueilli la série Gàncah bu naat pour la première fois, je n’avais aucune idée de ce qu’évoqueraient et de ce qu’éveilleraient en moi les images qu’Érika Nimis nous proposait de voir. Tout d’un coup, mes sens se sont comme éveillés. J’ai réalisé que je m’amusais à donner des titres à ces petits tableaux qui m’ouvraient les yeux. Il s’agissait là, pour moi, de porter un nouveau regard sur la vie et sur la ville. Et si la beauté devenait une réponse activiste face à un Dakar en proie à une bétonisation accélérée ? Les arbres, alliés des humain(e)s depuis toujours, méritent aujourd’hui plus que jamais une attention particulière. J’espère que nous ne leur tournerons point le dos tant qu’ils supporteront les nôtres le temps d’une révision pour les examens, comme l’aiment si bien faire les étudiant(e)s de l’Université Cheikh Anta Diop de Dakar.
Érika Nimis, Crinum, Gàncah bu naat, 2019
Érika Nimis, Sauge écarlate, Gàncah bu naat, 2019
Érika Nimis, Boule de feu, Gàncah bu naat, 2019
Érika Nimis, Kapokier rouge, Gàncah bu naat, 2019
Érika Nimis, Fourcroya, Gàncah bu naat, 2019
Tabara Korka Ndiaye est chercheuse indépendante et écrivaine sénégalaise. Pour la 13e biennale des arts de Dakar, elle a travaillé pour la Commission OFF. Elle est assistante en recherche à RAW Material Company. Korka a abordé la ‘présence-absence’ des femmes dans la politique au Sénégal dans l’ouvrage collectif “Politisez-vous!”, 2017.
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How do you find the will to live when demons are at your door? Sometimes, you hide in the places that are ugliest to you. All of humanity is your enemy, and everyone is out to get you. You lose trust in the world, in goodness, in the openness inherent to life itself… Fortunately, art can be a vector of reconciliation between the self and the other, in the broadest sense of the term. However, it’s difficult to know what to expect when we first visit an exhibition. I, for one, had no idea what Érika Nimis had in store for me as a visitor to an early version of Gàncah bu naat, presented in a modest studio in Dakar’s Village des Arts. But all of a sudden, my senses came alive. I realized that I had unconsciously been giving titles to these small, eye-opening images. Indeed, these works made me look at life and the cityscape differently. What if beauty could be a political act, particularly in the face of Dakar becoming a city of cement? Trees, allies of humankind since the beginning of time, now more than ever deserve our attention and love. I hope we won’t turn our backs on those who support these same backs when we are tired, like the students depicted here studying for exams at Dakar’s Cheikh Anta Diop University.
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