Éclaireurs·euses 26 —Galadriel Avon + Fernande Forest

Un corps se meut. Chaque semence, comme une structure narrative, une brèche dans un univers neuf qui porte la vie, grandira. Des existences encapsulées se déploient et tanguent.

 

Fernande Forest, dans ses différents corpus, mène une seule et même démarche : narrer une nouvelle voie, un nouveau chemin vers le naturel. Chez elle, la mise en relief d’organismes infimes, prélevés au sein de microsystèmes insaisissables, participe à une (re)valorisation importante des motifs biologiques qui nous entourent. À la rencontre de son territoire, l’artiste approche les lieux par leurs potentiels transformateurs, prend position pour leurs devenirs.

 

S’habiter et habiter l’espace, interagir avec le milieu sont les prismes de sa pratique sensible. Les choses se décomposent. Pour éviter leur mort, penser de nouveaux cycles, raviver l’impermanence en mobilisant les mutations, observant l’invisible, manipulant l’imperceptible. Vecteurs de signifiance, les bouts de vivant que l’artiste enlumine sont autant de manifestations des fils rhizomatiques qui nous lient – atomes et molécules qui se greffent les uns aux autres et nous constituent.

 

En imbriquant les êtres dans de nouveaux spectres écologiques, Forest engendre des réverbérations fécondes qui s’enchevêtrent, forment des tissus sociaux et fortifient des charges symbiotiques. Présages ou silhouettes, de nouveaux maillages, comme tracés par le mouvement des plantes vers la lumière, engagent un déplacement entre les paysages construits et naturels. Par sa recherche investie, l’artiste déplie l’intime d’espaces microscopiques.

 

Un corps fleurit. Surgies de la terre, des féminités s’épousent pour devenir grandes, chaleureuses, bourgeonnantes. Déités habillées de floraisons, elles font une révérence au patrimoine botanique.

 

 

 

Image ci-haut : Fantasmagorie de semences potagères, (extrait de vidéo), semence de salsifis, 2021



Fantasmagorie de semences potagères, (extrait de vidéo), semence d’oignon, 2021

 

 

  1. Semence d’épinard, 2021

 

 

  1. Arroche pixeldélique, 2021

 

 

  1. Germes de salsifis, 2019

 

 

  1. Pois astrals, 2021

 

 

  1. S’enrober d’un jardin, projection sur mannequin, 2022

 

 

  1. S’enrober d’un jardin, projection sur mannequin, 2022

 

 

  1. La robe « Je me kimono sensuellement », 2022. Impression encres pigmentaires sur soie. Révérence à Marcelle Gauvreau, 1907/1968,

 

 

La robe « L’Allée Grand-Métis », 2022. Impression encres pigmentaires sur georgette et organza. Révérence à Elsie Meighen Reford, 1872/1967

 

 

 

 

A body begins to move. Each seed is a narrative, a rift in a new universe bearing life, destined to grow. Cocooned existences unfold, swaying back and forth.

 

One single approach unites Fernande Forest’s diverse bodies of work: narrating a new path towards the natural world. Forest’s use of microorganisms, taken from infinitesimally small ecosystems, brings into focus the beauty and importance of the many biological patterns that surround us. Through her engagement with her environment, Forest considers places in terms of their transformative potential, and advocates for their future.

 

Inhabiting places, inhabiting oneself, interacting with one’s environment: such are the lenses of Forest’s sensitive and sense-based practice. Things decompose. To refuse their death, to think up new cycles, to revive impermanence by mobilizing mutation, observing the invisible, touching the imperceptible. The fragments of the living world Forest illuminates are vectors of meaning, proof of the rhizomes that connect us all—the atoms and molecules that come together to make us who we are.

 

By embedding beings into new ecological apparitions, Forest creates fertile reverberations that intertwine to form social fabrics and strengthen symbiosis. Omens or outlines, unprecedented networks, traces left behind by a plant’s movement towards light, catalyzing a back-and-forth between constructed and natural landscapes. Through her exhaustive research practice, Forest unfolds the intimacy of microscopic spaces.

 

A body blossoms. Springing from the earth, womanhoods come together for warmth, to grow, to bloom. Flower-adorned deities, they bow down to our botanical inheritance.

 

 

 

Publié le 24 novembre 2022
Par VU