L’éternel retour de Celia Perrin Sidarous
Celia Perrin Sidarous collectionne les images, qu’elle décontextualise et juxtapose d’après une chorégraphie intuitive et librement anachronique. Les combinaisons découlant de ce geste relèvent alors de plusieurs temporalités auxquelles s’ajoute la leur : transitoire, unique et singulière. L’image n’est en ce sens qu’un arrêt, un point sur la ligne d’un jeu de déplacements et de rencontres. Le processus foisonnant ne connaît aucune pause, sauf les limites que s’impose elle-même l’artiste. L’image se fait et se défait, se sculpte à travers l’objectif, s’autogénère, puis se perd dans l’atelier.
Si l’assemblage installatif implique d’emblée une transformation du sens des images réunies, il engage aussi une certaine tension entre elles. En fait, la mise en scène éloquente invite à regarder en périphérie des objets afin de saisir l’hyperréalisme du travail de l’artiste. La photo force un pas de recul qui révèle, par subtiles zones discordantes, la vérité autrement acquise, polie et étouffée par la composition. L’impulsion exploratrice passe ainsi de l’artiste à son public, dupliquant à revers le cycle de création, dépeçant l’énigme glaciale et sensuelle de chaque memento mori.
Perrin Sidarous met en œuvre des ambiances qui, chacune à leur manière, gravitent autour de sa présence fantomatique. Effacée derrière les documents d’origines diverses et secrètes, l’artiste est le point d’amarre de tous ces récits, la clé de leur dénouement. Les objets et les images débordent les uns sur les autres, se distancient du travail et racontent, enfin, en toute discrétion, l’histoire de Celia.
Image ci-haut : Isis, 2020, 121.9 x 152.4 cm, impression au jet d’encre sur papier de coton, issue du corpus Flotsam, 2021 Avec la permission de l’artiste et de Bradley Ertaskiran, Montréal
Fruit, 2020, 71.1x 91.4 cm, impression au jet d’encre sur papier de coton, issue du corpus Flotsam, 2021 Avec la permission de l’artiste et de Bradley Ertaskiran, Montréal
- Emma, Las Palmas de Gran Canaria, 2019 — 2020, 50.8 x 38.1 cm, impression au jet d’encre sur papier de coton, issue du corpus Flotsam, 2021
Avec la permission de l’artiste et de Bradley Ertaskiran, Montréal
- Amphorae (un parfum), 2020, 71.1 x 91.4 cm, impression au jet d’encre sur papier de coton, issue du corpus Flotsam, 2021
Avec la permission de l’artiste et de Bradley Ertaskiran, Montréal
- Amphorae (mineral, floral), 2020, 71.1 x 91.4 cm, impression au jet d’encre sur papier de coton, issue du corpus Flotsam, 2021
Avec la permission de l’artiste et de Bradley Ertaskiran, Montréal
- Amphorae (a song), 2020, 71.1 x 91.4 cm, impression au jet d’encre sur papier de coton, issue du corpus Flotsam, 2021
Avec la permission de l’artiste et de Bradley Ertaskiran, Montréal
- Bazaar nude, photographe inconnu, Athènes, 2015 — 2020, 50.8 x 38.1 cm, impression au jet d’encre sur papier de coton, issue du corpus Flotsam, 2021
Avec la permission de l’artiste et de Bradley Ertaskiran, Montréal
- Portrait de Guillaume au pantalon, 2020, 40.6 x 55.9 cm, impression au jet d’encre sur papier de coton, issue du corpus Flotsam, 2021
Avec la permission de l’artiste et de Bradley Ertaskiran, Montréal
- André Malraux, Le musée imaginaire de la sculpture mondiale, NRF Paris, 1952, 2020, 0.6 x 50.8 cm, impression au jet d’encre sur papier de coton, issue du corpus Flotsam, 2021
Avec la permission de l’artiste et de Bradley Ertaskiran, Montréal
Drapé, Oslo, 2019 — 2020, 50.8 x 38.1 cm, impression au jet d’encre sur papier de coton, issue du corpus Flotsam, 2021 Avec la permission de l’artiste et de Bradley Ertaskiran, Montréal
Celia Perrin Sidarous’s Eternal Return
Celia Perrin Sidarous collects images that she decontextualizes and rearranges according to an intuitive and anachronistic choreography all her own. The combinations stemming from the ensuing dance speak to ephemeral, unique, and ad hoc temporalities. In this sense, the image is a freeze-frame—a single point on a line within a complex web of movements and meetings. This dizzying process stops for nothing, save the delimitations laid out by Perrin Sidarous herself. Through her lens, she constructs, deconstructs, and sculpts the image, helping it come into existence, only to lose it again in the studio.
While Perrin Sidarous’s installation-like assemblage process brings about transformation in the meaning of the resulting images, it also tends to catalyze tension between them. Indeed, her eloquent staging methods invite us as viewers to contemplate the space around, between, and beyond the objects depicted, that we might fully appreciate the hyperrealism at work here. These photos force us to take a step back; their subtle zones of discordance reveal truth by other means, adroitly polished and hidden within the overall composition. As such, Perrin Sidarous infects viewers with her need to explore, in a sense inverting the creative cycle, breaking down the icy and sensual mystery of each of these memento mori.
Celia Perrin Sidarous creates atmospheres that—each in its own way—revolve around the ghostly presence of the artist herself. Hiding behind these enigmatic images, she is the knot that ties their narratives together, she is the key that unlocks their secrets. Objects and images overflow and overlap, shifting away from the work itself and subtly recounting Celia’s own story.