VU lançait ce printemps son second appel de maquettes avec, entre autres, l’objectif d’offrir deux bourses d’accompagnement pour la réalisation de projets de livres photographiques.
C’est Jean-François Hamelin reçoit la bourse de soutien au développement pour son projet Hutton ou la fin des terres, et Mélissa Pilon reçoit la bourse de parrainage pour son projet Foules.
(détails plus bas)

Jean-François Hamelin
Hutton ou la fin des terres prend pour point de départ l’histoire naturelle des lieux et le concept de « fluvial entropy ». Mis de l’avant par Robert Smithson, ce dernier implique que lorsque nous observons une portion de territoire, nous sommes témoins d’un paysage en transition, en état d’évolution perpétuelle. Les processus auxquels nous assistons sont si lents et ont lieu sur une échelle physique et temporelle si grande qu’ils nous sont pratiquement invisibles. En utilisant différentes méthodes d’analyse et d’observation, nous accumulons un vaste ensemble de données afin de mieux en comprendre les mécanismes et leurs implications. C’est en calquant cette approche que le projet s’articule. Composé d’un amalgame d’images provenant de divers horizons, l’assemblage propose une mosaïque où différents éléments liés à la géologie et aux sciences témoignent de l’évolution et de l’histoire du paysage. Fragments d’un concept vaste et large, l’alternance entre divers sujets photographiques nous fournit des pistes pour comprendre l’origine des paysages qui nous entourent et notre compréhension de ceux-ci.



Mélissa Pilon
Depuis les quatre dernières années, je collectionne les images de foules que je trouve dans des livres, des magazines, des journaux et des archives de photographes. Ces images de rassemblements et de marées humaines proviennent de contextes variés — foules d’hiver, foules en détresse, foules revendicatrices, foules assoiffées de liberté, foules de vacanciers, foules en mouvance, foules en liesse, foules de guerres, etc. —, toutefois, elles semblent toutes porter en elles une réflexion commune autour de la masse humaine, ses interactions et variations. À travers les époques et les espaces, certains schémas semblent réapparaitre dans des déclinaisons de ce qui pourrait n’être qu’une seule et même foule.
Mon projet ne souhaite pas mettre l’accent sur la provenance des photographies ni sur leur contexte historique, géographique ou politique. Je fragmente et je recompose les images en diptyque de manière à mettre en évidence les motifs, les textures, les compositions graphiques, les déplacements, le mouvement des corps et des regards. Je m’intéresse à l’aura poétique dégagée par ce travail d’édition de la foule. C’est un rapport direct du regard sur le regroupement humain qui est privilégié dans cette recherche où les archives deviennent autant des textures sensibles que des documents. L’individuel et le collectif s’y rencontrent et s’entremêlent dans le flou, la haute définition, la compression, l’identité et sa disparition. C’est comme si envers et contre la fixité de l’image, l’énergie des corps en mouvement est toujours perceptible. C’est précisément cette tension que je cherche à présenter.

