Le lieu de culte nous accueille avec des images lancées comme des messages véhiculant tantôt des promesses, tantôt des avertissements. Ce corps succombant pourrait être le nôtre, cette tête couronnée d’épines nous renvoie notre propre reflet. Une femme cache ses seins et son sexe, un homme cache ses yeux : il ne faudrait surtout pas succomber aux tentations sous le regard d’un Dieu vengeur. Cette lumière qui point dans l’obscurité pourrait bien être divine, comme cette luxuriante nature nous donne une idée de ce que pourrait être le paradis. Ces paraboles sont des héritages, car malgré les croix tombées, les craquelures dans la pierre et les mausolées désertés, les dogmes semblent s’accrocher encore.
Depuis leur exhibition toute en richesses dans les grandes villes d’Europe et répandues jusqu’aux plus modestes campagnes québécoises, les imageries religieuses ont servi à dominer les pensées autant qu’à contrôler les corps. Tableaux, sculptures ou monuments ont renforcé un appel à la négation de plaisirs charnels ou sensuels, sans quoi il fallait s’exposer aux morsures d’un serpent ou aux lacérations de la chair. Les détails de ces œuvres, photographiées par Pierre Blache et rassemblés en de nouveaux autels, viennent agir en rappel que les impacts de la religion sur les mentalités sont encore omniprésents. Mais ses photographies viennent aussi sublimer leur pouvoir symbolique, jusqu’à en faire une sorte de rituel d’exorcisme pour libérer les sens et pervertir la violence que les images portent en elles.
L’artiste remercie le Conseil des arts et des lettres du Québec ainsi que le Conseil des Arts du Canada pour leur soutien au projet.
