Le Regard lent conjugue photographie, vidéo et installation dans une exposition réalisée conjointement par le centre VU et la Gallery 44. Les organisateurs ont choisi un concept thématique qui leur semblait rendre compte d’une tendance particulièrement significative de la pratique récente en photographie au Canada. Il s’agissait de regrouper un ensemble d’oeuvres témoignant d’un type spécifique de regard, caractérisé par une recherche sur le temps, son expression et ses modalités.
Les six artistes participants, de générations diverses, ont été sélectionnés suite à un appel de dossiers. Les oeuvres choisies, pour la plupart inédites, explorent ce qu’on pourrait qualifier de ralentissement du regard (ou au contraire son accélération). Ces productions minimales, fondées sur la prégnance de l’écrit et du signe, montrent un intérêt certain pour le détail pertinent ou encore pour la forme ambiguë. Construites en fonction de permutations sérielles, privilégiant la répétition jusqu’à l’obsession, plusieurs abordent le thème de la collection à travers des répertoires de motifs insolites ou de moments impossibles. Ces travaux comportent de nombreuses références à l’art vidéo et à l’image cathodique en général : ils impliquent dans plusieurs cas une certaine dématérialisation de la vision et des effets qui évoquent l’instabilité de l’image en mouvement. À la fois résolument concrètes et étonnamment immatérielles, ces oeuvres ouvertes d’où émane un fort sentiment d’infinitude provoquent des lectures contemplatives, tranchant avec la rapidité qui prévaut le plus souvent dans la culture du divertissement.
Cette exposition, qui implique trois artistes de Toronto et trois artistes de Québec, est présentée successivement dans les deux villes à l’automne 2007. Avec ce projet, la Gallery 44 et le centre VU ont initié une collaboration visant à faire circuler les oeuvres et à provoquer des rencontres entre les artistes des deux communautés. La mise en commun de nos ressources a permis de réaliser un échange très stimulant, qui propose une réflexion inédite sur un aspect singulier de la photographie canadienne contemporaine.
André Gilbert, directeur du centre VU