Pour cette septième itération d’Assemblages, l’atelier annuel de création de maquettes de livres photo de VU, les deux artistes se partageront un espace où se jouent dans la durée différents processus d’écriture et mises en relation à partir d’images. Leurs recherches individuelles se déploieront autour d’une table et sur les murs, et l’espace partagé leur permettra de discuter de leurs processus de travail. Assemblages souhaite ainsi réfléchir à ce que permet l’échange entre artistes, et à la façon dont les photographies elles-mêmes se parlent, se contaminent, pour enfin trouver une voix bien à elles.

Assemblages est un projet imaginé à partir d’une idée d’Alexandre Berthier.

 

Image : Renaud Philippe, Grande Assemblée Aty Guasu - Guaíra/PR, août 2022

 

Biographies

Katya Konioukhova est photographe montréalaise née à Nijni Novgorod, en Russie. Elle a étudié en multimédia et a obtenu le diplôme en design graphique à UQAM en 2013.

La photographie arrive dans sa vie au cours de ses voyages. Ce médium prend vite une place importante dans sa pratique artistique. En tant qu’immigrante queer, Katya s’intéresse aux représentations identitaires dans un rapport social et culturel. Sa démarche se dissémine sur une introspection temporelle et géographique et le thème de la nostalgie est très présent dans son travail. Notamment, ses retours fréquents en Russie lui permettaient d’approfondir cette réflexion à partir d’un angle interculturel marqué par sa ville d’adoption, Montréal.

Son parcours en design graphique influence également son travail photographique. Elle pratique la photo de manière professionnelle depuis plus de dix ans. Elle travaille souvent sur des projets combinant les domaines du design et de la photo, en allant régulièrement, pour ce faire, chercher des connaissances et techniques supplémentaires. Par exemple, en suivant des formations en cyanotype, en photogravure et en photographie expérimentale au centre d’artistes L’imprimerie, à Montréal.

 

Renaud Philippe a grandi et vit à Québec. Photographe documentaire, il travaille depuis près de 20 ans principalement sur les conséquences au long terme, pour les populations civiles, des conflits armés, inégalités et catastrophes naturelles. Son travail documentaire se penche et porte un regard anthropologique sur les notions de l’exil forcé, du traumatisme collectif, dans un contexte géopolitique actuel mais aussi historique. Le médium photographique est avant tout une rencontre, un lien créé par la volonté de témoigner, sensible au drame vécu par ceux qui ont du tout quitter, victime de l’humanité ou de la nature.

Katya Konioukhova - vingt ans loin de toi - Extrait du livre - Spread avec une photo d'archives copie

vingt ans loin de toi

vingt ans loin de toi est un projet de livre commencé dans le cadre du Groupe de travail sur le livre d’artiste animé par Emmanuelle Jacques en 2021, à L’imprimerie. C’est un portrait intime de ma grand-mère, qui habite en Russie et que je ne suis plus capable d’aller visiter depuis 2020, au début à cause de la pandémie et, depuis l’année passée, à cause de la guerre et des répressions politiques dans mon pays. Ce livre contient des photographies prises pendant mes voyages à Nijni Novgorod, dans les années suivant l’immigration de ma famille en 2001, ainsi que des visuels tirés des archives familiales. Par ce projet, je tente d’organiser mes archives photographiques afin de créer un hommage à la personne qui me lie à ma ville natale. »

 

Retomada da terra

Retomada

Au Brésil, les « Retomada da Terra » sont des mouvements d’occupation de terres agricoles visant à récupérer les territoires ancestraux arrachés au peuple autochtone Guarani tout au long de l’histoire. Le dernier Retomada a eu lieu le 3 mars 2023 à Rio Brilhante, dans l’État de Mato Grosso do Sul.

Depuis les années 2000, ces mouvements de lutte coordonnés ont permis à de nombreux Guarani de reconquérir une partie de leur territoire ancestral sacré, qui correspond à ce qu’était jadis la Forêt Atlantique. Ces terres se trouvent dans les États du Paraná et de Mato Grosso do Sul, une région où les champs de monoculture de soja et de maïs ont remplacé les forêts de leurs ancêtres, et où seulement 7,3 % de la superficie de la forêt atlantique originale subsiste aujourd’hui.

La lutte des Guarani n’est pas seulement une lutte pour leur propre survie et celle de leurs traditions, mais aussi une lutte environnementale, pour la reforestation et contre l’usage abusif de pesticides chimiques. C’est une lutte à l’image de celle que tous les êtres humains doivent mener pour leur propre survie.

Dans cette terre où, à perte de vue, les champs de monocultures ont depuis longtemps remplacé les vastes forêts que connaissaient leurs ancêtres, ils deviennent les gardiens du territoire, parfois au prix de leur vie.