« Je me penche actuellement sur les questions entourant le concept de la visibilité et de la disparition de la femme dans le contexte de spectacles, démonstrations, exploits performatifs de magie du 19e siècle. L’objectif étant ici de rendre apparentes les connotations négatives d’ordre politique associées au corps féminin et de jeter un regard critique sur un objet de la culture visuelle de cette époque en faisant un parallèle évident avec le regard que l’on porte sur la femme actuellement.
L’idée d’escamoter des corps féminins est déconcertante et amène une réflexion critique, lorsque liée aux enjeux actuels voulant faire taire ces femmes qui tentent tant bien que mal d’affirmer leur existence, leur expérience, leur présence, constamment soumises à la violence de se faire soustraire et oublier. Mon intérêt à explorer ce projet repose sur une volonté de contribuer à certains traits qui ont défini la photographie depuis ses débuts, soit la photographie populaire, un souci pour les pratiques narratives et le statut fluctuant de l’image, entre document et fiction. Qui plus est, c’est le sort fait aux femmes à travers une certaine photographie qui est au centre de ce projet, une prise de position qui résonne doublement avec l’actualité, celle de l’image comme preuve et celle de la présence du corps féminin sur la place publique. »