Éclaireuses 5 —Eve Laliberté et Alphiya Joncas

Texte : Eve Laliberté / Images : Alphiya Joncas
(Traduction du texte en anglais plus bas)

 

Des dunes, des buttes, des rochers ; de sable, d’eau, de neige ou de pelouse. Autant de formes et de matières pour signifier la maison dans les œuvres d’Alphiya Joncas. La maison non pas comme bâtiment ou comme enveloppe physique, mais plutôt comme entité psychique ; un espace symbolique. Comme un abri intangible où le calme peut s’étendre.

À travers son utilisation du texte et de la photographie, Alphiya Joncas déterre ce fil invisible qui nous raccroche au territoire, comme pour retrouver une trajectoire qui lierait nos différentes manières d’habiter. Dans une relation intime au paysage, l’artiste explore les reliefs d’un environnement en constante fluctuation. Elle évoque le caractère indubitable de l’espace comme refuge. L’impossible soustraction des éléments naturels aux tracés de nos corps, enchevêtrés aux saisons.

Sur ses photographies, l’artiste trace des contours, des géographies fictives qui donnent à l’imaginaire de nouveaux chemins pour se déployer. Si les vastes espaces insulaires visibles dans les images se répondent, ils ne nous donnent pas pour autant d’indice précis quant aux points cardinaux qui les ont vues naître. Les espaces ainsi représentés sont détachés de leur situation géographique réelle pour laisser leurs formes et leurs textures prendre la parole et nous dire, tout doucement, que ce sont eux qui nous guident.

Les œuvres d’Alphiya Joncas sont, pour elle, une façon de proclamer que nous appartenons au territoire. Derrière chaque rencontre avec le travail de l’artiste résonne un rappel subtil et sensible : que le sublime existe encore.


 

Eve Laliberté est une rêveuse, journaliste et éditrice indépendante. Elle détient un baccalauréat en histoire de l’art et poursuit présentement des études de deuxième cycle en édition et en journalisme. Eve a notamment publié son travail dans les magazines Vie des ArtsAnniversary et Échelles. Elle collabore à l’édition de différents périodiques spécialisés en culture, dont Résidence.

 

Image ci-haut : Tendre des toits sous les falaises qui glissent, 2020, photographie et dessin numérique, Îles-de-la-Madeleine, dimensions variables. 






Beach house, 2019, photographie et dessin numérique, Îles-de-la-Madeleine, dimensions variables.

 

 


S’installer dans le ventre de la butte, 2019, photographie et dessin numérique, Îles-de-la-Madeleine, dimensions variables.

 

 


Butte à Mounette, 2020, assemblage de photographies numériques, Îles-de-la-Madeleine, dimensions variables.

 

 


Petite échouerie, 2020, assemblage de photographies numériques, Îles-de-la-Madeleine, dimensions variables.


 

 


Les nids II, 2019, photographie et dessin numérique, Îles-de-la-Madeleine, dimensions variables.

 

 


Les nids III, 2019, photographie et dessin numérique, Îles-de-la-Madeleine, dimensions variables.

 

 


S’abriter, 2019, assemblage de photographies numériques, Îles-de-la-Madeleine, dimensions variables.

 

 


Les alentours - butte ronde, 2018, photographie et dessin numérique, impression sur papier fine art hahnemühle, 20’’ x 20’’.

 

 



Ensemble, 2017, photographie numérique, Îles-de-la-Madeleine, dimensions variables.

 

 

Dunes, mounds, boulders; sand, water, snow, grass. In her practice, Alphiya Joncas uses many forms and materials to represent home—not home in the sense of a physical house, but rather an inner entity, a symbolic space, an intangible shelter where calm can dwell and grow.

Through text and photography, Joncas unearths the countless hidden connections that tie us to places and our many ways of inhabiting them. Intimately engaged with the landscape, she explores the constantly changing texture of her surroundings and evokes the undeniable role of place as a refuge. Our bodies and nature are inextricably bound to each other, our forms and contours entangled with those of the seasons.

In her photographs, Joncas charts out maps of new paths for us to explore in the imagination. While the vast island landscapes in her images seem to communicate with each other, they remain mute to us, tell us nothing about the stars under which they were born. Their photographic representation is detached from their geographical reality, and, as such, their forms and textures are able to speak, whisper in our ear, urging us to follow them, our true guides.

For Alphiya Joncas, art making is a way of asserting that we belong to the land. Behind each encounter with her work, a delicate and heartfelt reminder resonates: the sublime is still fully alive.

 

 

Avertissement : Le texte et les images sont protégées par le droit d’auteur. Toute reproduction est interdite. / Warning: The text and images are copyrighted. Any reproduction is strictly forbidden.

 

Publié le 18 juin 2020
Par VU