Parmi les gens qui s’adonnent à l’observation des parulines, il y a cet artiste qui les regarde observer, et qui met en lumière la relation qui se dessine entre l’humain et l’oiseau. Ici, dans cette friche, une personne nous fait aussi remarquer la présence de cette plante qui peut nous enseigner de même que nous soigner. Là, on vient d’abattre l’orme qui amenait fraîcheur et réconfort au voisinage tout en abritant un précieux écosystème au centre de la ville. Maintenant, nous sommes convié·e·s à nous recueillir, à reconnaître l’esprit qui anime toute chose et à prendre le temps de contempler la vie, celle qui prend corps pour se déployer dans toutes ses dimensions.
Cette lecture sensible des interrelations qui se tissent entre les êtres – ou même qui les traversent et les animent – est une invitation à reconsidérer notre présence au monde et notre engagement au sein de la vie. Il s’en dégage une multitude d’attentions et de soins, qui prennent le dessus sur les violences et négligences portées au vivant, pour nous rappeler que les relations elles-mêmes peuvent représenter un patrimoine à protéger.
Les vivants est la troisième itération du projet Topographies, qui s’intéresse cette fois-ci à la transmission de savoirs et de pratiques encourageant la régénérescence du vivant et des relations entre les êtres dans nos environnements urbains.
Cette exposition fait partie de la programmation Déplier les motifs de nos avenirs, qui propose d’imaginer comment il est possible de se réinventer aujourd’hui, en découpant des morceaux de nos passés et en les reformulant en de possibles futurs.
VU a pu réaliser ce projet grâce à un soutien financier offert par la Ville de Québec dans le cadre du programme Mise en valeur du patrimoine par les arts, volet de l’Entente de développement culturel conclue avec le ministère de la Culture et des Communications.
Ce projet a également bénéficié de l’appui Conseil québécois du patrimoine vivante et de l’accompagnement d’Annette Viel* en tant que consultante.
* Annette Viel, historienne de l’art, fait oeuvre de MTT (muséologue tout-terrain) là où elle intervient. Comme les artistes du land art, elle a « déserté » les salles des musées traditionnels, préférant oeuvrer en prise directe avec le territoire et donner ainsi libre cours à sa passion pour la nature, les citoyens, la culture et la création.
Elle prône une approche transdisciplinaire et diversifiée, n’hésitant pas à emprunter des voies inédites alliant arts, sciences et technologies.
Image : Idra Labrie
Des hirondelles
Sarah Boutin
« Mon amitié avec sœur Jacqueline s’est bâtie dans la lenteur. Nous ne pouvions faire autrement : mon corps était endeuillé et le sien vieillissant. Au couvent, la langueur n’est ni une faille ni un défaut. J’observe. Je documente. Je participe. Notre sororité constitue un appui naturel. Elle nous invite à embrasser la vulnérabilité intrinsèque à notre humanité. C’est suffisant. C’est nourrissant. »
Les Jardins du Corps-de-Garde
Ariane Daoust
« Depuis 2020, Les Ami.es des Jardins du Corps-de-Garde veulent se réapproprier cette friche au cœur du Vieux-Québec dans une démarche de justice environnementale et sociale. Leur engagement et leur mobilisation vise à préserver les espaces verts et la biodiversité, protéger la santé et la qualité de vie, et encourager une réflexion collective sur la valeur inestimable d’une friche et d’une forêt urbaine. »
Ornithologues
Vincent Drouin
« Émerveillé·e·s par le phénomène de la migration et par les subtilités entre les espèces nord-américaines, de plus en plus de Québécois s’adonnent à l’ornithologie. En partageant leurs observations, les ornithologues amateurs sont devenus très importants pour la communauté scientifique. Mon projet est une recherche photographique de cette cohabitation entre humain et oiseau. »
DAR A LUZ
Débora Flor
« Cette année, j’ai fait l’expérience de “dar a luz” (donner la lumière), qui signifie “donner naissance” dans ma langue maternelle. Je me souviens : l’intensité des vagues à traverser durant ce travail, la puissance de mon corps fragmenté et animal, la percée des eaux et le cercle de feu, le passage de la mort à la vie. »
Les vivants,
Idra Labrie
« Tel un herbier personnel, je propose des fenêtres qui portent la trace de rencontres, de cueillettes et de transformations liées à la pratique de l’herboristerie. Ce cycle se poursuit au gré des saisons qui s’enchaînent, alors que se marient des intérêts autour des soins naturels et de la création par la photographie. »
Angela Marsh et le Théâtre Rude Ingénierie
« Menés par des préoccupations communes sur la cohabitation de la biodiversité, de l’urbanité et du patrimoine, nous avons collaboré à cocréer avec le vivant de la Place dis oui, un milieu de vie fertile, divers et pluri sensoriel. Ce lieu public en voie de réensauvagement offre une expérience esthétique du vivant en ville. »