L’ORIGINE DU PROJET
Les signes du passage du temps sur les choses me fascinent. Depuis des années, je photographie les panneaux usés qui se présentent sur mon chemin. Leur lettrage craquelé m’émeut, leurs images à moitié effacées ou délavées par le soleil me ramènent en arrière… un souvenir refait surface. Je m’approche, observe les craquelures et le relief organique qui ne manquent pas de s’installer sur toute chose avec les années. « Clic ! » : une autre image pour ma collection.
En 2011, avec mes acolytes du trio BGL (collectif à l’intérieur duquel j’ai œuvré de 1997 à 2021), nous sommes partis de ces photos pour jouer avec la notion de vieillissement des surfaces. Nous avions alors utilisé du vinyle blanc collé sur un panneau de PVC noir pour imiter les lignes brisées d’un impact.
Le contraste avait bien fonctionné avec cette œuvre, mais aujourd’hui — toujours fasciné par les merveilleuses craquelures —, j’ai le désir de nuancer, de pousser plus loin mes expériences d’usure, de trouver de nouveaux procédés et d’en utiliser les possibilités esthétiques et émotionnelles.
Image ci-haut : L’affiche présentant le Domaine Maizerets est datée de l’an 2000, elle a cuit au soleil et perdu ses couleurs, mais un équilibre demeure entre les craquelures blanches du fond et les vertes du second fond.
Ce panneau me ramène à la fausse panique entourant le passage au nouveau siècle, un passé pas si lointain.
Images plus bas : Arborant Arnold Schwarzenegger dans toute sa splendeur, la réclame est si craquelée qu’elle se retourne sur elle-même et avale le sujet ; pourtant je reconnais le personnage au premier coup d’œil, car il me replonge dans mon adolescence : tous ces films qui voulaient nous faire croire aux vertus des gros muscles. Le panneau Parents-Secours est incroyable : un fendillement noir et fin a envahi le sujet central et l’enfant donnant la main à l’adulte a presque disparu…
Quelle ironie, quand on connait l’état des institutions d’aide à l’enfance. Je me souviens pour ma part de l’introduction cette affiche dans les fenêtres du quartier de mon enfance et de l’impression de sécurité qu’il procurait.