Michael Flomen : L’instant magique —un texte de Catherine Lebel-Ouellet

Texte pour l’exposition Nuits sauvages de Michael Flomen.

 

C’est l’essence lumineuse qui émane des images de Michael Flomen, que l’on perçoit en premier dans le travail du photographe. Des formats géants de papier froissé exaltent une luminosité magique qui nous attire. Ces photographies uniques résultent de la pratique d’un procédé ancien, adapté par l’artiste qui travaille sans appareil photographique, directement sur la matière photosensible, qu’elle soit papier ou pellicule. En appliquant des objets à même ces supports et en exposant, ensuite, ces derniers à une source lumineuse, l’artiste crée d’immenses photogrammes. Contrairement à la tradition, Flomen ne crée pas ses images dans l’environnement contrôlé du laboratoire, comme le faisaient, à l’époque, ces grands du photogramme que sont László Moholy-Nagy et Man Ray, mais déroule et expose plutôt de grandes surfaces de papier sensible à l’extérieur. Se substituant à l’ampoule de l’agrandisseur, la lune, les lucioles et, parfois, le flash font office d’éclairage tandis que des matériaux élémentaires, tels la neige, la terre, l’eau ou le sable, tout comme des organismes vivants, des poissons, des insectes ou des plantes par exemple, prennent place sur le papier. Les multiples et périlleuses manipulations de ce  papier, aventurées par l’artiste en milieu naturel, marquent le support, l’émulsion se cassant, et confèrent à l’ensemble une fragilité apparente. Malgré cette délicatesse, on ressent la force sombre des extérieurs nocturnes, les pouvoirs, à la fois mystérieux et sublimes, de la nature. Avec leur rendu organique, où le hasard a joué un rôle primordial, tels un hymne à la nature cachée, les photogrammes de l’artiste témoignent de phénomènes souvent passés inaperçus, célébrant l’existence de l’événement naturel lorsque celui-ci devient instant magique.

 

Publié le 5 septembre 2013
Par VU