Il y a eu un moment, une lumière qui est passée par là et qui s’est posée sur cette branche, sur ce rocher, sur la surface de cette eau. Une onde a produit une légère brise, a soulevé des feuilles mortes reposant au sol. Il y a eu le temps qui a bougé, qui a dansé avec les lieux, sans que nous leur ayons véritablement porté attention. Une impression de se retrouver à des lieues, d’un seul coup, comme au moment de souffler sur les bougies d’un gâteau : voilà un autre instant, voilà d’autres lustres. Voilà ce monde qui ne tient pas dans les mesures du temps et de l’espace. On a l’impression que quelque chose vit là; on observe des indices de cette présence; on attend, puis on pressent. Tout ce qui se trouve là – devant, dans, sur, autour – est vivant. Rien d’inventé, rien d’altéré. Que ces créatures qui possèdent leur propre magie.
Éliane Excoffier nous invite à entrer dans des univers qui ont ainsi leur propre vie, leurs propres énigmes. Alors que l’artiste nous a habitués, par le passé, tantôt aux représentations du corps féminin, tantôt aux figures animales, elle nous amène ici, avec sa nouvelle recherche, à voir les espaces pour ce qu’ils sont, sans qu’ils soient pour autant déserts. Bien au contraire, des présences s’y multiplient, et nous poussent à voir ce qui peuple ces mondes parallèles où s’invalide la frontière que l’on cherche incessamment à tracer entre le réel et l’imaginaire.
Cette exposition fait partie de la programmation Nos accueils, animée de mains qui se tendent, d’images à faire vivre, de racines en mouvement. Des racines qui ne font pas que nous attacher en un lieu, mais qui perçoivent de nouveaux chemins à emprunter, et qui nous appellent à accueillir ce qui vient.