Exposition du 9 septembre au 16 octobre
Dans les galeries de VU, L’Œil de poisson, La Bande Vidéo et dans la baie vitrée de Méduse, aux 580 et 620 Côte d’Abraham
En partenariat avec les Productions Recto-Verso
Consultez les photos de l’exposition plus bas sur la page!
Vernissage le 9 septembre à partir de 17h
17h – Ouverture des galeries
18h – Remerciements
19h – Performance de Philip Després
Artistes wendat
Aïcha Bastien N’Diaye, Alexis Gros-Louis, France Gros-Louis Morin, Andrée Levesque Sioui, Nicolas Renaud, Teharihulen Michel Savard, Manon Sioui
Artistes de Québec
Annie Baillargeon, Anne-Marie Bouchard, Dgino Cantin, Phillip Després, Erika Hagen-Veilleux, Jeffrey Poirier, Alain-Martin Richard
Auteur·e·s
Anne-Marie Proulx et Guy Sioui Durand
Leurs conversations sont à écouter ici : https://centrevu.bandcamp.com/releases
Organismes
Avatar, La Bande Vidéo, La Chambre Blanche, Le Lieu, L’Œil de Poisson, Rhizome, VU
Yahndawa’ est ahaha’, une voie d’eau ancienne que la terre, ya’ta’, porte sur son dos. Ses flots ont transporté le ciel, yaronhia’, sur ses épaules bien avant de nous accueillir dans ses bras. Änen’enh; nous sommes ses enfants. Comme elle nous l’enseigne, les histoires et les rêves que nous portons se renouvellent au fil de nos relations, à la mesure de ce que l’on reçoit et de ce que l’on donne. Kwaweyih. Nos paroles, onywawenda’, sont aussi des promesses. Nos gestes marquent les écosystèmes; un jour, on bétonne les berges, un autre, on les libère pour que la vie reprenne ses droits. Tour à tour, nous portageons et nous faisons porter, nous nous relions entre nous et façonnons nos paysages. Onyiondih. Yithïa’ch.
– Andrée Levesque Sioui et Anne-Marie Proulx
Yahndawa’ est un échange entre sept artistes de Wendake et sept de Québec, qui ont été appelé·e·s à discuter de leurs pratiques, mais aussi à collaborer et à cocréer, avec le soutien de sept organismes artistiques. Suivant la rivière (yahndawa’) qui relie nos deux communautés – dénommée Atiawenhrahk/la Saint-Charles –, ainsi que l’idée de portages, chacun·e est arrivé·e dans ce projet avec son bagage, qui est ensuite amené sur de nouveaux territoires, avec la complicité des un·e·s et des autres.
Depuis 2020, un comité artistique formé de membres du collectif wendat et de VU se réunit régulièrement pour élaborer et faire évoluer ce projet d’échange visant à créer des liens entre nos deux communautés. Yahndawa’ est un échange à propos des pratiques artistiques, mais permet aussi plus largement de se pencher sur nos conceptions, nos façons de faire, nos visions, nos réalités, nos identités.
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Les ateliers (été-automne 2021)
À l’occasion de rencontres à Wendake et à Québec et d’une sortie en canot sur la rivière, les artistes et les représentant·e·s de chacun des organismes impliqués ont pu parcourir ensemble des lieux où convergent nos histoires.
Les résidences (hiver-printemps-été 2022)
Les artistes ont collaboré pour développer des idées et des projets, avec le soutien technique et artistique des organismes. Le campement, un atelier collectif situé à Méduse, a été occupé par les artistes pour la période des résidences.
La diffusion (automne 2022)
Les artistes présentent le travail qu’il·elle·s ont élaboré tout au long de Yahndawa’ lors d’une exposition à Québec et d’un événement à Wendake.
Ce projet est une alliance entre le collectif wendat et VU pour cultiver des relations entre les communautés artistiques allochtones et autochtones de la région de Québec située en Nionwentsïo, territoire wendat.
Ce projet est réalisé avec le soutien financier du Conseil des Arts et des Lettres du Québec ainsi que celui de l’Entente de développement culturel entre la Ville de Québec et le ministère de la Culture et des Communications.
Annie Baillargeon et Teharihulen Michel Savard
Au fil d’actions performatives qui ont mené à la réalisation de photographies, de vidéos et de sculptures, Annie Baillargeon et Teharihulen Michel Savard ont fait rencontrer leur personae – la sorcière et le guerrier – afin de se réapproprier des mythes et de partager des rituels de guérison. Abordant ensemble les violences et l’invisibilisation imposée depuis longtemps aux femmes et aux Autochtones, le duo a du même coup donné l’occasion à leurs identités de s’affirmer et d’entrer en dialogue. Autour de la rivière qui traverse la ville, les artistes proposent de s’unir pour soigner les êtres et les corps, l’humain et la nature.
Anne-Marie Bouchard, France Gros-Louis Morin et Manon Sioui
À l’image des trois artistes qui les ont cueillies dans leurs environnements proches, différents spécimens de plantes s’assemblent et composent un jardin commun. En recourant à des techniques les moins dommageables possible pour les écosystèmes et à des matériaux récupérés, le trio a intégré à même son procédé un soin envers la nature qui les unit. Avec le cyanotype, la lumière inscrit la présence des plantes sur le papier, et c’est au moment d’un rinçage à l’eau qu’apparaissent les images : ce processus de révélation évoque les amitiés qui ont surgi dans la cocréation, et qui les ont incité à aussi convoquer leurs ancêtres dans cet espace de partage.
Alain-Martin Richard
La Parole entravée est une installation interactive réalisée avec l’ensemble des participants de Yahndawa’, qui ont été invité.e.s par Alain-Martin Richard à intervenir individuellement sur des perches de saule pour les faire devenir des bâtons de contact, puis à faire, devant caméra, une action performative reflétant leurs différentes interprétations de ce qui peut entraver ou alors libérer la parole. En galerie, les bâtons sont suspendus et deviennent une forêt sous laquelle brillent les Pléiades. Leur ombre projetée sur les flots continus d’une chute évoque le bruit ambiant qui parfois nous empêche de nous entendre, mais c’est là, au travers de ces flots qui à la fois se déversent et se régénèrent, que la parole se reforme.
Alexis Gros-Louis
Faisant usage de nombreuses références à la culture et au territoire wendat, Alexis Gros-Louis en propose des abstractions qui interrogent notre capacité à s’abstraire de l’histoire et de la mémoire, surtout quand est survenu une entrave ou une brisure. Ses œuvres convoquent ainsi différentes formes de distance – physique, historique, politique, économique, culturelle – qui s’interposent entre soi, notre conception du territoire et de ce qu’il représente. Elles retracent aussi le parcours d’un artiste qui reconnecte avec les terres ancestrales de sa nation, qui s’en rapproche tranquillement jusqu’à retrouver une part de son identité dans les détails d’un petit fruit.
Nicolas Renaud
Dans Onyionhwentsïio, un sentier de portage montre comment la charge qui courbe le dos peut être celle des nécessités de la vie ou de cinq siècles d’histoire. Représentation personnelle d’une identité métissée, cette vidéo trace des voies directes vers l’autre œuvre présentée en galerie, une installation vidéo portant sur un wampum catholique fabriqué en 1678 par des femmes wendat et offert à la cathédrale de Chartes où il est encore conservé aujourd’hui. Malgré les inscriptions en latin qui en ont fait un objet chrétien et qui peuvent apparaître comme le reflet d’une assimilation culturelle et d’une soumission à l’Église, Renaud a su percevoir la présence des pensées ancestrales wendat dans cet objet de parole, d’ententes politiques et de communication avec les esprits.
Andrée Levesque Sioui, Érika Hagen-Veilleux et Jeffrey Poirier
Fruit d’une cocréation faisant écho aux forces inhérentes à la nature et aux rencontres humaines, le fléché encastré est un ouvrage de grand labeur réalisé à la main par le trio. La structure conçue par Poirier s’élève tel un monolithe massif et délicat, référant à l’aspect incommensurable des forces naturelles. L’ouvrage textile qui la traverse met en valeur la technique traditionnelle du tressage aux doigts de type fléché, pratiquée par Andrée Levesque Sioui qui l’a enseignée à ses deux comparses. Les notes d’atelier d’Hagen-Veilleux accompagnent l’œuvre et retracent la chronologie des gestes, des intentions et des expériences partagées entre les artistes.
Aïcha Bastien N’Diaye et Dgino Cantin
Alliant danse, sculpture, appropriation de l’espace et du geste, Nos cœurs ratchets est une installation poétique qui présente les traces de la fusion des univers créatifs d’Aïcha Bastien N’Diaye et de Dgino Cantin. Cherchant à mettre en valeur leurs intérêts communs plutôt que de jouer sur leurs différences, l’œuvre joue de codes familiers éclectiques, empruntant à plusieurs univers, dont celui de la chasse, des cabarets enfumés ou encore des rings de boxe. Les sculptures de Cantin sont transformées en accessoires, lourds et fragiles, qui sont abandonnées aux mouvements et impulsions de Bastien N’Diaye, faisant naître des narrations où gestes et élans sont produits selon différents rythmes et contextes.
Andrée Levesque Sioui
Andrée Levesque Sioui enseigne la langue wendat depuis plus de dix ans et pourtant cette langue polysynthétique demeure mystérieuse et fascinante. Elle s’intéresse ici à la racine des mots, la plus petite unité lexicale qui porte le sens principal d’un mot et à partir de laquelle on construit des mots-phrases – ces mots-rivières capables de faire voyager la parole, de se rappeler qui nous sommes et de lever le chant. Levesque Sioui matérialise yahndawa’ et son bassin versant comme une grand-mère qui porte les mots jusqu’à nous, elle qui n’oublie rien et qui a entendu la langue de ses ancêtres.
Philip Després
Sur une longue feuille apposée au mur de l’exposition, Philip Després s’ouvre le cœur. Dans une lettre qui retrace son parcours dans Yahndawa’, le performeur fait l’aveu de ses réticences et ses malaises à participer dans cet échange. Després fait ainsi le choix de l’humilité, préférant mettre de côté l’éclat de ses actions performatives pour se mettre sur le mode de l’apprentissage encore à faire. Sa lettre dit tout haut les difficultés qui peuvent se poser quand on entre en relation avec une personne ou une culture qu’on ne connaît pas. Fort de sens et de sentiment, la lettre est récitée par l’artiste lors d’une performance, s’offrant ainsi autant à l’intime qu’au public.
Annie Baillargeon, Alexis Gros-Louis, Alain-Martin Richard, Teharihulen Michel Savard
Dans les bois situés entre la rivière, la ville, le chemin de fer et le cimetière, les quatres artistes se réunissent pour mettre en commun différentes actions performatives et interventions sur le territoire. Enfilant costumes, masques et raquettes, trois d’entre eux parcourent le boisé, ramassent les déchêts qu’ils y trouvent, les rapportent à un point de ralliement, les nettoyent ensemble. À la toute fin, ils rejoignent le quatrième, qui a planté drapeaux et plantes sur le territoire. Le document de cette performance collective et spontanée montre comment les artistes se sont rencontrés au travers de leurs univers de création respectifs.
Anne-Marie Bouchard et Manon Sioui, en collaboration avec France Gros-Louis Morin
L’installation vidéo, articulée en deux parties distinctes et complémentaires, présente un paysage et sa rivière se reflétant et se détachant l’un de l’autre, coulant tel un horizon parallèle. Ce paysage, évoqué par des projections de plantes et matières naturelles, embrasse et donne naissance à sa rivière, cours d’eau de tissu finement perlé des motifs centraux du wampum de la prophétie des Sept feux auquel elle fait référence. La rivière des Sept feux devient ainsi lieu de rencontre et de partage – autant pour les délicats personnages en cosse de maïs qui y sont mis en scène que pour nous, spectateur·ice·s qui longent sa rive.