C’est le premier moment d’absence qui brûle le ciel. Le soleil s’est retiré mais nous emplit de ses plus vives couleurs, avant de nous faire céder à la noirceur du soir. Le deuil ressemble à cet espace-temps qui n’est ni le jour ni la nuit, ni la vie ni la mort, qui a une existence en soi. Comme les fleurs qui, sous l’emprise du temps, se fanent lentement, à l’image des jours qui apaisent tranquillement les émotions douloureuses. Comme une phrase arrêtée en plein milieu, touchant à une émotion trop vive pour être nommée.

Il semble que la photographie a cette capacité de nous rapprocher un peu de ce qui fuit : une lumière, un moment, une vie. Elle représente un outil qui peut nous servir à observer le temps qui passe, à chérir ce qui est voué à périr, à conserver les traces d’un être aimé. Ce sont différents cycles de la vie que les artistes observent, portant en elles leur propre récit et témoignant dans leurs œuvres de multiples regards sur ce qui disparaît.

 

Judith Bellavance

Histoires de disparitions aborde la perte sous l’angle de la relation entre une personne décédée et ses proches. Par l’entremise de son métier de thanatopractrice, l’artiste collecte par la photographie les particularités des vêtements choisis pour habiller l’être disparu. Par leur matérialité textile et leur présence dans l’espace, les images agissent tel des portraits d’histoires de séparation et témoignent de l’affect mis en œuvre dans les préparatifs du rituel funéraire.

Poline Harbali et Emné Nasereddine

En mémoire de leurs grands-mères, Poline Harbali et Emné Nasereddine se sont unies dans leur processus de perte d’un être cher. C’est par la création qu’elles ont trouvé un territoire commun pour explorer les points de convergence de cette expérience profondément intime. L’œuvre transforme ainsi le personnel en substance sociale et politique, en questionnant notamment la langue et la culture matérielle qui entourent les rituels de deuil.

Sophie Jodoin

Depuis 2020, Sophie Jodoin constitue une archive ayant pour sujet sa mère.  Principalement à distance l’une de l’autre et au fil de l’échange de mots et de photographies, les deux femmes complices se dévoilent : une mère se révèle à sa fille, une fille donne voix à sa mère. L’œuvre se veut une réflexion sur le désir, les rêves, les manques, la banalité de la vie, la vieillesse, la mémoire, le deuil, l’oubli.

Andrée-Anne Roussel

Dans une vidéo faite d’un seul plan large fixe, le simple regard d’une jeune femme sur les mouvements de sa main amène une réflexion sur les cycles de vie et de recommencement auxquels nous sommes inévitablement soumis. En évoquant les nouvelles technologies et médias qui ont tendance à nous couper de l’instant présent, Capacité d’attention incite plutôt à observer ce dont on se détache trop souvent : les nuances du temps qui passe et la conscience de notre propre existence.

Clare Samuel

Malcolm est un projet en constante évolution fait de photographies, d’archives familiales, de vidéos et d’éléments d’installation dans lequel Clare Samuel explore la vie et la mort de son père ayant vécu avec un diagnostic de schizophrénie et des périodes répétées de « non-conformité » médicale. Naviguant entre les concepts de mort et de folie qui sont souvent effacés dans la culture occidentale, l’artiste utilise les traces laissées par son père, en dialogue avec ses propres mémoires pour tisser une toile affective et narrative redessinant le fil de sa relation paternelle.

Vernissage
19 mai 2023/ 17:00 - 21:00
Judith Bellavance / Andrée-Anne Roussel / Poline Harbali et Emné Nasereddine
Andrée-Anne Roussel / Poline Harbali et Emné Nasereddine
Andrée-Anne Roussel
Andrée-Anne Roussel
Poline Harbali et Emné Nasereddine
Poline Harbali et Emné Nasereddine
Poline Harbali et Emné Nasereddine
Poline Harbali et Emné Nasereddine
Judith Bellavance / Poline Harbali et Emné Nasereddine
Judith Bellavance
Judith Bellavance
Judith Bellavance
Clare Samuel / Sophie Jodoin
Clare Samuel
Clare Samuel
Clare Samuel
Clare Samuel
Sophie Jodoin
Sophie Jodoin
Sophie Jodoin
Sophie Jodoin