Dans certains milieux urbains d’Amérique centrale, se rassembler dans un centre commercial ou dans un parc ne constitue pas seulement une activité anodine, mais aussi une stratégie pour se sentir en sécurité, grâce à la force du nombre. Non loin, gardes armés, chiens dressés pour tuer, grillages et barbelés font partie du quotidien de ces citoyen·ne·s qui vivent sous la menace de violences aléatoires. Quand chaque jour se passe avec la pensée d’une potentielle agression, les contours de la vie se transforment et ont tendance à enfermer toujours un peu plus. C’est toutefois malgré l’adversité et la peur que se dessinent encore des façons de se retrouver, de s’aimer, et de construire ensemble une société.
La Colonia rassemble des photographies glanées par Valérian Mazataud depuis une dizaine d’années, d’abord en marge de différents reportages, et ensuite en vivant de plus près, avec sa famille, la réalité d’un quartier hondurien protégé des intempéries du monde extérieur par ses hauts murs et ses sentinelles. À l’image de la violence qui ne s’observe pas toujours directement mais qui s’incruste dans les esprits, l’artiste s’est éloigné de toute photographie spectaculaire pour observer cet écosystème de la peur dans des motifs et des détails qui font désormais partie des textures de la ville.
Cette exposition fait partie de la programmation Déplier les motifs de nos avenirs, qui propose d’imaginer comment il est possible de se réinventer aujourd’hui, en découpant des morceaux de nos passés et en les reformulant en de possibles futurs.