Pour cette neuvième itération d’Assemblages, l’atelier annuel de création de maquettes de livres photo de VU, les deux artistes se partageront un espace où se jouent dans la durée différents processus d’écriture et mises en relation à partir d’images. Leurs recherches individuelles se déploieront autour d’une table et sur les murs, et l’espace partagé leur permettra de discuter de leurs processus de travail. Assemblages souhaite ainsi réfléchir à ce que permet l’échange entre artistes, et à la façon dont les photographies elles-mêmes se parlent, se contaminent, pour enfin trouver une voix bien à elles.

Assemblages est un projet imaginé à partir d’une idée d’Alexandre Berthier.

Biographies

Sophie Jodoin

Sophie Jodoin est une artiste visuelle qui interroge les représentations du corps, de l’intime, de la perte, de l’absence et du langage. Son œuvre hybride et installative mêle dessin, collage, écriture, photographie, archives et vidéo. Parmi ses expositions récentes figurent il faut qu’elle sache (Fondation Jan Michalski, Suisse) ; d’un seul souffle (Artexte, Montréal) ; un portrait inachevé – partition à deux voix (VU, Québec) ; Toi que jamais je ne termine (Musée d’art contemporain de Montréal) ; ainsi que la trilogie Room(s) to move : je, tu, elle (EXPRESSION, Saint-Hyacinthe ; MAC LAU, Saintt-Jérôme ; Maclaren Art Centre, Barrie, Ontario). En 2017, elle a été lauréate du Prix Louis-Comtois et du Prix Giverny Capital.

Léanne Lefebvre

Léanne Lefebvre est une artiste interdisciplinaire basée au Québec. Sa pratique se déploie à travers le dessin, l’écriture, la vidéo, la photographie et la performance. Travaillant à partir d’un rapport intime au monde, elle explore les dimensions affectives, identitaires et relationnelles de l’existence. L’intimité devient dans son œuvre une matière première, un territoire à la fois fragile et subversif, où l’art agit comme geste d’amour, de résistance et de transmission.

Ses projets prennent souvent la forme de récits fragmentés, construits à partir de dessins réalisés au fil du quotidien, de textes issus de carnets et de captations brutes. Sa pratique est habitée par une recherche constante d’authenticité et de sincérité, à la manière de l’art brut, des cultures de marge, ou encore de la poésie contre-culturelle québécoise. Refusant les hiérarchies entre disciplines ou supports, elle utilise des moyens simples et accessibles pour rendre la création proche, vivante et partagée.

Elle conçoit ses œuvres comme des lieux de résonance, où la subjectivité devient moteur de rencontre, d’identification et d’émancipation.

Léanne cherche à tisser des liens entre l’autobiographie et le collectif, entre la parole intime et les silences partagés. À travers une démarche viscérale et intuitive, elle œuvre à la création d’espaces sensibles où chaque vulnérabilité trouve place, sens et légitimité.

Son travail a été présenté dans des expositions collectives et des contextes multidisciplinaires, où elle explore souvent la forme du livre, de l’installation ou du récit performatif.

Lieu

Ateliers de production de VU
541, rue Saint-Vallier Est, Québec, QC G1K 3P9

Itinéraire

Plan de séquence, Léanne Lefebvre

J’ai 24 ans, et le geste photographique me sert de miroir. Il me permet d’interroger ce qui m’habite, ce qui me traverse : Est-ce que ce que je vis a du sens ? Est-ce que ce qui m’échappe était précieux ? Est-ce que ce regard que je pose sur les corps, les gestes, le quotidien, participe à quelque chose de plus grand ? À une marge culturelle ? À un souffle qui refuse les normes ou qui les amplifie? Est-ce que je peux garder près de moi les gens et les choses que j’aime, ou est-ce que tout est destiné à disparaître ? Je ne sais pas si je fais partie d’un mouvement, ou si je suis juste une tentative fragile qui cherche à prendre forme doucement, à exister autrement. Ce projet est un désir de comprendre la jeunesse à côté de sa fougue ou sa beauté comme un moment suspendu, intense, incertain, où la quête de sens devient brûlante. Où l’on doute de tout : de sa place, de son pouvoir d’agir, de sa capacité à changer quoi que ce soit dans le monde entier ou même dans sa propre vie.

Combien de temps pour combler le vide ? (titre de travail), Sophie Jodoin

Le projet que je propose pour la résidence Assemblages à VU s’inscrit dans la continuité de mon travail où texte, images et fragments choisis enregistrent les traces d’une vie. La vie dont il s’agit ici est celle de la « maison » où j’habitais et travaillais depuis 25 ans et que j’ai dû quitter à l’automne 2023 suite à une rénoviction. Combien de temps pour combler le vide? constitue une réflexion sur cet espace et sa disparition, sur la mémoire des lieux et sur la mienne.

Dans l’intimité de cet espace clos, j’ai documenté et filmé périodiquement les gestes du quotidien, enregistrant le passage du temps et ses traces, empreintes et salissures. Ces archives visuelles forment le journal d’une disparition annoncée, questionnant ce qu’il advient lorsque cette « seconde peau » disparaît et le déséquilibre psychique qui s’ensuit. À l’automne 2024, lors d’une résidence à Est-Nord-Est, j’ai puisé dans ces archives pour créer un lexique de la perte. Ma résidence à VU me permettra de revisiter ce lexique et de le développer sous forme de livre et de maquette. Combien de temps pour combler le vide ? propose une écriture à la fois personnelle et collective sur la mémoire, le deuil et l’oubli, ainsi qu’une méditation sur le déracinement et la dépossession de soi.

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