Virginie Lagnière a reçu la bourse en édition en 2024 et réalisera donc une résidence en édition!

 

Réalisé à partir documents d’archives déclassifiées, de recherches scientifiques, d’observations sur le terrain, d’entrevues avec des chercheurs et d’une documentation photographique, vidéographique et sonore, Le silence des murs. Unquiet Space explore un bâtiment insolite situé en Suisse : une ancienne centrale nucléaire convertie en entrepôt accueillant les trésors culturels des plus grandes institutions muséales. Dissimulée sous une colline verdoyante, la caverne du réacteur a été définitivement scellée avec du béton à la suite d’un important accident radioactif en 1969. Après avoir été dénucléarisée, les installations modernistes de cette ancienne centrale transformée en dépôt de biens culturels nous convoquent aujourd’hui à un agencement hétérogène d’époques et de temporalités. Y sont abrités des archives, pièces de taxidermie, œuvres d’art, vestiges archéologiques, ethnologiques et géologiques vaudois, bien que certaines pièces proviennent d’origines extérieures à la Suisse.

De cette enquête artistique, des questions relatives au nucléaire rencontrent celles reliées à l’architecture et au patrimoine. En marge de l’histoire officielle liée à la centrale nucléaire de Lucens, nous découvrons des récits qui témoignent de dynamiques invisibles. Ils soulèvent notamment l’idée d’une stratégie nationale d’enfouissement (de déchets radioactifs et, au sens figuré, de secrets nationaux), la fragilité de la lignée humaine, des échelles de temps non humain et l’accumulation d’artéfacts culturels, dont certains sont soupçonnés d’avoir été acquis illégitimement dans le cadre de rapports coloniaux.

Suite à une exposition individuelle présentée du 12 avril au 8 juin 2024
à Occurrence, espace d’art et d’essai contemporains à Montréal, mon intention est de développer une nouvelle itération artistique de ce travail d’enquête en utilisant la forme du livre photographique. Le format du livre m’apparait propice à explorer l’absorption de l’attention et différentes formes de récit par l’image. Prenant appui sur l’immersion photographique à une échelle qui diffère de la modalité d’exposition, une trajectoire d’images évoquera la perte de repères, depuis le sol irradié de la colline à Lucens jusqu’aux espaces intérieurs de l’ancienne centrale nucléaire.

 

Biographie

Virginie Laganière

Nourrie par des processus de recherche et d’enquête sur le terrain, la pratique artistique de Virginie Laganière explore les transformations qui façonnent nos territoires construits, naturels et technologiques, de même que la psyché sociale. De nature anthropologique, son travail se distingue par la construction de récits au confluent des approches documentaires et spéculatives. Les résidences artistiques incarnent un incubateur de création où la photographie, la vidéo et le son opèrent tels des intermédiaires à ses explorations sur des lieux souvent chargés d’histoire et d’enjeux qui résonnent dans l’actualité contemporaine. Marquées par un travail de l’image, des créations sonores et des modules sculpturaux, ses installations protéiformes se distinguent par un déploiement scénographique soigné.

Depuis de nombreuses années, son travail artistique est soutenu par le Conseil des arts et des lettres du Québec et le Conseil des arts du Canada en plus d’être reconnu par le réseau des résidences, galeries, centres d’artistes et musées au Québec et à l’international, notamment en Italie, en Finlande, au Japon, en Espagne, en Belgique, en Suisse, au Mexique et en Chine. Ses recherches individuelles poursuivent un cycle de création sur l’élaboration de récits mineurs rattachés aux espaces modernistes, dont les premières itérations ont été présentées à la Fonderie Darling (2013), au centre d’art contemporain Optica (2018), à Circa art actuel (2020) et à Occurrence (2024) à Montréal. Elles incluent également une collaboration soutenue avec l’artiste Jean-Maxime Dufresne dont les recherches récentes explorent les formes d’échappatoires au Japon (Intervalles, 2019-23 ; La lecture de l’air, 2021-23 et La leçon, 2024) aussi bien que les legs de la modernité dans les environnements alpins en Suisse (La Montagne radieuse, 2021-23 et Résonance grise, 2023). Ensemble, ils seront accueillis au programme de résidence internationale à la Ferme-Asile en Suisse en 2025. Son travail fait partie de collections publiques et privées.

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